LYON (France) – Assénant un coup dur à la criminalité organisée, 12 services chargés de l’application de la loi au Nigéria, soutenus par INTERPOL et AFRIPOL, ont lancé une vaste opération qui a abouti à l’arrestation de 36 personnes et à des saisies d’une valeur de 3 millions d’USD.
Menée dans le cadre d’une au sein des autorités nigérianes, cette opération s’est déroulée du 23 au 27 septembre 2024. Elle a mobilisé plusieurs services chargés de l’application de la loi et acteurs du système de justice pénale nigérians, qui luttent contre diverses formes de criminalité, notamment la criminalité financière et la cybercriminalité, ainsi que le trafic de stupéfiants et la traite d’êtres humains.
Après deux mois de préparatifs, les autorités nationales ont, sur une période de cinq jours, multiplié les contrôles aux frontières, suivi des pistes concrètes et mené des interventions ciblées dans les centres névralgiques qu’elles avaient repérés. La plupart des arrestations effectuées faisaient suite à des escroqueries commises au moyen d’Internet et la grande majorité des suspects placés en détention avaient moins de 35 ans. Ce constat illustre une tendance à la participation de plus en plus active des jeunes dans la criminalité organisée.
Dans les affaires mises au jour, les stratagèmes les plus couramment utilisés étaient les escroqueries aux sentiments, dans lesquelles les malfaiteurs entretiennent des relations en ligne et manipulent leurs victimes afin qu’elles leur confient ou leur donnent leurs économies ; les escroqueries liées à des placements financiers et aux cryptomonnaies, dans lesquelles les délinquants font miroiter des gains fictifs à leurs victimes ; et les escroqueries à l’imposture de personnalités, qui consistent à usurper l’identité de célébrités pour recueillir de l’argent auprès de leurs fans. Trois des suspects arrêtés se livraient au chantage sexuel (ou « sextorsion ») : ils enjoignaient à leurs victimes de leur verser une certaine somme, sous peine de diffuser des contenus compromettants ou à caractère sexuellement explicite.
Des saisies particulièrement notables ont été effectuées dans le cadre de cette opération, à savoir 19 kg de cocaïne, d’une valeur estimée à 2,8 millions d’USD ; 51 kg de cannabis ; cinq voitures ; deux armes et 215 cartouches. Elle a par ailleurs permis d’identifier 12 victimes de traite d’êtres humains. Ces personnes avaient été attirées à l’étranger avec des promesses d’emploi à la clé, mais ont finalement été réduites au travail forcé ou à l’exploitation sexuelle. À l’issue d’une enquête, une recruteuse, qui s’était fait passer pour une victime afin d’écarter tout soupçon, a été arrêtée et 16 000 USD ont été saisis sur son compte.
Cyril Gout, directeur exécutif par intérim des Services de police d’INTERPOL, a déclaré :
« Les groupes criminels organisés d’Afrique de l’Ouest comptent parmi les groupes les plus agressifs et sont en pleine expansion, car ils s’adonnent à un large éventail d’activités illégales, allant du trafic de migrants et de la traite d’êtres humains aux extorsions et aux enlèvements, en passant par le vol de pétrole, la cybercriminalité et le blanchiment d’argent. Le succès de cette opération met en avant à quel point il est important, pour pouvoir démanteler ces réseaux, que différents services travaillent en étroite collaboration. En travaillant ensemble, au niveau national et international, nous sommes en mesure de lutter efficacement contre les menaces mondiales et de rendre justice aux personnes touchées par ces différentes formes de criminalité ».
M. Jalel Chelba, ambassadeur, directeur exécutif par intérim d’AFRIPOL, est du même avis :
« Cette opération réussie démontre toute l’efficacité des actions coordonnées entre les services nationaux et internationaux chargés de l’application de la loi. AFRIPOL s’attache à encourager les partenariats qui comblent les lacunes existantes en matière de partage de renseignements et de coordination opérationnelle, afin de faire front commun face à la complexité de la criminalité organisée transnationale. Cette initiative historique au Nigéria renforce non seulement les capacités nationales, mais elle témoigne également de la détermination commune des pays membres africains à lutter contre les nouvelles menaces criminelles. Notre coopération avec INTERPOL a été déterminante pour la réussite de cette opération. Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires afin de promouvoir la sécurité et la stabilité sur l’ensemble du continent ».

Renforcer les capacités nationales pour accroître la sécurité mondiale
Au cours de l’opération, coordonnée par le Bureau central national INTERPOL du Nigéria et le Bureau de liaison national d’AFRIPOL à Abuja, des agents d’INTERPOL et d’AFRIPOL ont été déployés afin de participer à l’analyse criminelle, de contribuer à la coordination des opérations et de faciliter les vérifications dans les bases de données.
Le succès de cette opération est le fruit de la collaboration entre les différents services chargés de l’application de la loi au Nigéria et les acteurs du système judiciaire du pays, ainsi que du partenariat entre AFRIPOL et INTERPOL. Mettant en évidence les possibilités offertes par un partage efficace de renseignements et une action coordonnée de tous les services concernés, cette initiative conjointe ouvre la voie à une nouvelle ère de coopération.
Cette opération a été organisée dans le cadre du Programme INTERPOL d’appui à l’Union africaine relativement à AFRIPOL (ISPA), financé par le ministère des Affaires étrangères de l’Allemagne, lequel vise à aider AFRIPOL à renforcer sa position d’institution de premier plan en Afrique en ce qui concerne la lutte contre la criminalité organisée transnationale, le terrorisme et la cybercriminalité, ainsi que leur prévention.